« Peur du coup de foudre en plein orage
A-t-on encore peur quand on a tout perdu ?
L’angoisse, la phobie, la frousse,
Le temps fait peur dans nos baskets d’hypocondriaques
Voisin, virus, on arrose la peur du lendemain pour quelques zéros de plus » - Hocus Pocus
Les peurs : le cerveau de la fuite ou du combat.
La peur maintient le peuple en soumission, les religions et les dirigeants politiques nous distillent des informations qui pourraient faire de nous des hypocondriaques, la technique est éculée : ils l’utilisent pour garder l’homme en servitude.
Mais quand nous étions des hommes de Cro-Magnon, nous ne la connaissions que lorsqu’elle était liée à la survie. Elle dépendait de la taille du tigre à dents de sabre et si nous étions aptes à le tuer. Sinon c’était probablement lui qui allait le faire. Notre problème de survie était bien réel et notre cerveau primaire marchait à « plein rendement ». Nous fonctionnions sur le mode binaire : la fuite ou le combat. Nous avions une réponse simple et efficace et notre peur était le déclencheur d’une réponse adaptée. Sous stress, notre corps a une réponse biologique qui permet de répondre de façon adéquate au besoin soit de combattre, soit de fuir. Elle intervient de façon différente en régulant notre corps grâce au système sympathique et parasympathique. Cela permet un retour à la normale, mais un stress sans réponse adéquate et qui s’inscrit dans la durée, va imprégner durablement notre psyché. Les implications sur la santé peuvent être nombreuses car l’immobilisme n’est pas une solution à long terme pour le cerveau primaire. Si une absence de réponse par la fuite ou le combat à un grand stress perdure, une programmation pour les générations qui vont suivre devient également possible.
Pour défendre sa mère et sa grand-mère : un boxeur dans la famille.
Expérience d'une séance en cabinet de kinésiologie : Gisèle, cinquante-trois ans, vit dans la peur depuis son enfance, son père était violent. Elle vient me voir car une boule d’angoisse ne la quitte plus. Elle n’est bien que chez elle et ne sort presque plus. Nous parlons très vite de son enfance lorsque son père les battait, elle et sa maman. Elle est dans une angoisse excessive pour ses enfants qui pourtant sont grands maintenant. Elle a vécu toute son enfance avec le désir de protéger sa mère. A vingt ans, quatre mois après son mariage, elle a choisi de revenir à la maison parentale ; impossible pour elle de laisser sa mère seule avec son père.
Il n’y a eu aucune réponse à cette agression permanente du père. Comme en réaction au drame familial, son fils choisira d’être boxeur et il est devenu champion dans sa catégorie. Il a inconsciemment choisi de réparer ce qui ne l’a pas été. A défaut de pouvoir combattre physiquement son mari, sa grand-mère aurait dû prendre la fuite, pour elle et sa fille, et divorcer.
La peur par anticipation et le bibliothécaire personnel.
Contrairement à l’homme de Cro-Magnon qui, je suppose, ne connaissait de la peur que celle liée à la survie, nous en connaissons une autre : la peur par anticipation. C’est elle qui nous empêche d’explorer la vie, qui limite notre vision du monde et nous maintient dans nos habitudes. Elle n’a pas de réponse biologique adéquate et n’a pas de lien avec la réalité présente. Elle nous maintient juste dans un niveau plus ou moins élevé de stress. Elle est imaginaire, c’est la possibilité de ce qui pourrait se passer si nous changions nos habitudes, si nous avions une maladie, si quelque chose arrivait à nos enfants. Nous sommes très souvent dans la projection.
C’est notre bibliothécaire personnel qui est le gardien de la mémoire de nos peurs. Il va d’ailleurs anticiper sur les points négatifs bien plus souvent que sur les points positifs et sera à l’origine de certaines croyances limitantes. La peur par anticipation dépend néanmoins des vécus douloureux que nous avons eus dans notre passé. Le bibliothécaire va chercher les références des dossiers dans sa mémoire binaire (bon / pas bon) pour nous empêcher les récidives douloureuses. Le problème, pour éviter de les revivre, c’est qu’il fait des coupes franches. Imaginez l’impact d’une expérience douloureuse dans le domaine de l’amour ou dans la trahison d’un ami !
Toutes ces expériences vont teinter d’appréhension nos futures relations. Nous nous passerions bien de ce bibliothécaire pointilleux et sans nuance avec ses rayonnages. Hélas si vous avez eu une mauvaise expérience dans un domaine, il risque de vous donner du fil à retordre pour expérimenter à nouveau, sans stress ni programmation.
Elise ne veut pas vivre l’amour, même si elle veut vivre l’amour.
Elle a eu une enfance douloureuse, à l’âge de huit ans, elle passe d’une famille d’accueil à l’autre. Son mariage a été une catastrophe, dévalorisée, humiliée par un mari tyrannique. Depuis elle ne rencontre que des hommes qui ne sont pas disponibles. Nous essayons de comprendre pourquoi. Elise me dit : « Les hommes ne sont pas libres pour moi et à chaque fois, je me sens abandonnée ». Tout comme cette petite fille qui avait si peu d’importance pour ses parents. Pourtant me dit-elle, je sais que je mérite l’amour et une thérapie m’a aidé à en prendre conscience. Mais comme une spirale sans fin, elle revit l’histoire de son enfance dans ses rencontres avec les hommes. Nous allons donc travailler sur la croyance inconsciente qu’elle ne mérite pas l’amour. Au cours de la séance, je valoriserai ses talents d’adaptation. Elle a alors compris qu’elle a développé une sacrée force pour avoir supporté ces injustices et nous travaillons pour améliorer l’estime qu’elle a d’elle-même. « Je sais que je mérite l’amour et la sécurité » sera notre objectif de séance. Son intention pourra être alignée sur ce qu’elle désire vraiment.
L’amour clignote en rouge dans la case danger pour son bibliothécaire personnel, à cause de l’absence d’amour de ses parents. Afin de ne pas revivre la blessure, elle attirait des personnes incapables de l’aimer, même si consciemment, ce n’était pas ce qu’elle voulait.
Julien et le permis.
Il raconte son grand stress pour passer son permis de conduire : « Deux fois que je le rate, rien que de penser à la troisième tentative, je suis tétanisé ». J'effectue le test musculaire (test de base en kinésiologie) et il apparaît qu’il y a une grande crainte. Il faut donc « négocier » avec le bibliothécaire-gardien pour qu’il puisse se libérer de la charge émotionnelle impliquée dans cette expérience et voir les choses autrement.
Le bibliothécaire va donc très rapidement se rendre à ses étagères, à la recherche d’une expérience similaire et suivant la nature de l’expérience qu’il aura étiquetée positive ou négative, il mettra son véto. L’absence de référencement dans un nouveau domaine d’expérience sera également appréhendée négativement car notre bibliothécaire est programmé pour que nous prenions un minimum de risque. L’expérience non référencée engendre souvent une appréhension. C’est pourquoi nous devons faire un effort pour nous débarrasser de nos habitudes pour changer.
Marie n’a jamais pris l’avion, elle a peur.
C’est une première et elle vient me voir car plus le jour du voyage approche et plus elle est angoissée. Elle pense que c’est normal, « Tout le monde doit être anxieux de prendre l’avion ». Je lui réponds que beaucoup de gens arrivent à dormir dans un avion, ce qui prouve qu’ils s’y sentent en sécurité. L’avion, c’est aussi une histoire d’habitude. L’absence de référence va faire que son bibliothécaire personnel classe l’avion dans la rubrique : expérience dangereuse. Si elle était amenée à le prendre souvent, il transférerait probablement le dossier dans une autre catégorie. Nous construisons donc notre objectif de séance de kinésiologie : « je me sens en sécurité dans l’avion ».
Au cours de la séance, nous avons également trouvé plusieurs mémoires en lien avec la peur de l’inconnu et celle d’être enfermée. Cette appréhension de prendre l’avion faisait écho à des peurs plus anciennes que nous avons corrigées. Quand je l’ai revu, Marie, souriante, me raconte son expérience de l’avion, elle a même pu dormir au retour.
Et si la peur est notre ennemie, celle qui nous fige avant même d’avoir essayé, par anticipation d’un résultat inverse à ce que l’on désire, alors nous ne créons pas notre vie, nous la subissons avec des limites de toutes parts.
Le bibliothécaire, gardien de la mémoire, veille. Il est rudement efficace et nous pouvons le remercier lorsqu’il nous alerte d’un danger mais il ne laisse pas beaucoup de place pour l’aventure.
Comment nous libérer de l’excès de zèle du bibliothécaire en nous ? Préféreriez-vous que votre chien vienne monter la garde dans votre jardin ou dans votre lit ? C’est à chacun de donner la limite aux injonctions du bibliothécaire, il ne doit pas nous définir, c’est juste un gardien à notre service.